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Comment apprendre en jouant

Wednesday
3
December
2025
Comment apprendre en jouant
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Apprendre en jouant, c’est sérieux !

Et si l’on revoyait nos a priori sur une idée trop souvent cantonnée à la maternelle et au primaire : on apprend mieux en jouant.

La ludopédagogie — ou pédagogie par le jeu — est loin d’être un gadget pseudo‑éducatif. Et loin d’être réservée aux plus petits.

C’est au contraire une approche rigoureuse, documentée et aujourd’hui de plus en plus utilisée par les enseignant·es, les éducateur·rices, les AESH et les organismes de soutien scolaire.

Alors… qu’est‑ce qu’apprendre par le jeu ? Comment ça fonctionne ? Pourquoi est‑ce si puissant ? Et surtout : pourquoi ce n’est pas réservé aux petits ?

On fait le point 👇

Qu’est‑ce que la pédagogie par le jeu ?

La pédagogie par le jeu consiste à utiliser le jeu comme véritable outil d’apprentissage, avec une intention claire et un objectif pédagogique défini.

On ne joue pas « pour s’occuper » ou « pour passer un bon moment ».

On joue pour apprendre, pour entraîner une compétence, pour consolider une notion, pour travailler une stratégie.

Une notion sérieuse, soutenue par la recherche

  • Jean Piaget (psychologue et épistémologue suisse) a montré que le jeu est essentiel au développement cognitif : l’enfant construit ses savoirs en manipulant, en expérimentant.
  • Lev Vygotski (psychologue russe, spécialiste du développement) a démontré que le jeu permet d’entrer dans la zone proximale de développement, cet espace où l’élève progresse parce qu’il est stimulé au juste niveau.
  • Jerome Bruner (psychologue américain, chercheur en sciences de l’éducation) rappelle que le jeu favorise l’apprentissage par exploration : l’élève teste, vérifie, ajuste.
  • Les travaux de Deci & Ryan (psychologues et chercheurs en motivation humaine), avec la théorie de l’autodétermination, montrent que le jeu nourrit la motivation intrinsèque, celle qui permet d’apprendre durablement.

👉 Bref : jouer, ce n’est pas « moins sérieux ». Et c’est surtout plus efficace.

Apprendre par le jeu : quels sont les mécanismes cognitifs à l’œuvre ?

Lorsqu’on apprend en jouant, plusieurs leviers cognitifs se déclenchent simultanément. Ce sont eux qui rendent le jeu si efficace.

1. Motivation intrinsèque renforcée

La motivation intrinsèque (faire une activité pour le plaisir qu’elle procure) augmente l’engagement et la persévérance.

2. Engagement actif

On n’apprend pas en restant passif. Le jeu oblige à agir, tester, manipuler, réfléchir : l’élève devient acteur.

3. Feedback immédiat

Un jeu donne un retour instantané :

  • bonne réponse → on avance
  • erreur → on comprend pourquoi.

Ce feedback constant accélère l’apprentissage.

4. Émotions positives = meilleure mémorisation

Les émotions activent des zones cérébrales qui renforcent la mémoire.

5. Développement des fonctions exécutives

Les jeux de stratégie, de rapidité, de logique stimulent l’inhibition, la flexibilité mentale et la planification.

6. Coopération et compétences sociales

Le jeu crée un cadre naturel pour apprendre à écouter, négocier, expliquer, s’entraider.

La courbe de l’oubli : pourquoi le jeu améliore vraiment la mémorisation

Le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus a mis en évidence un phénomène qui touche tous les élèves (et tous les humains) : la courbe de l’oubli.

Ce que montrent ses travaux

Sans réactivation, on oublie très vite. C’est bien simple : après un mois, il ne reste en moyenne que 20 % des informations apprises.

Les 80 % restants s’effacent simplement parce que le cerveau n’a pas eu l’occasion de réutiliser, retravailler ou remobiliser les notions.

Le constat est sans appel : pour mémoriser, il faut réactiver les apprentissages.

C’est précisément là que le jeu déploie tous ses atouts

Le jeu permet ce dont la mémoire a besoin :

  • des répétitions naturelles, intégrées aux règles ;
  • des réactivations espacées sans lassitude ;
  • des situations variées qui renforcent l’ancrage ;
  • des émotions positives, qui stabilisent la mémorisation.

➡️ En jouant régulièrement, les élèves dépassent cette courbe de l’oubli.

Ils mémorisent mieux… parce qu’ils révisent sans en avoir l’impression.

Le jeu active plusieurs systèmes de mémoire

Le jeu est une activité pédagogique qui mobilise plusieurs types de mémoire en même temps :

  • mémoire visuelle (observation des cartes, repérage spatial)
  • mémoire auditive (consignes, échanges entre joueurs)
  • mémoire kinesthésique (manipulation, déplacement, mise en scène)
  • mémoire émotionnelle (plaisir, défi, surprise)
  • mémoire sémantique (notions manipulées)
  • mémoire procédurale (règles, stratégies répétées)

Multiplier les modalités sensorielles renforce la mémorisation, car une information encodée par différents canaux laisse une trace plus solide dans la mémoire à long terme.

C’est l’une des raisons pour lesquelles les jeux pédagogiques permettent des apprentissages plus durables.

Pourquoi l’apprentissage par le jeu est essentiel… même chez les plus grands ?

Spoiler : ce n’est pas « une affaire de maternelle ».

Cette croyance est encore très répandue : passé un certain âge, il faudrait « être sérieux », « laisser le jeu aux plus jeunes », « devenir adulte ».

Pourtant, le jeu est efficace à tout âge. On apprend toutes et tous mieux en jouant, n’en déplaise aux rabat‑joie 😉

Et il peut être utilisé de plusieurs façons, dont nous vous donnons quelques exemples ici.

Au collège et au lycée :

  • Jeux de cartes pour automatiser les notions (formules, dates, théorèmes, vocabulaire).
  • Jeux de rôle pour préparer les oraux (Grand Oral, exposés, langues).
  • Défis chronométrés pour travailler la rapidité en maths ou en langues.
  • Il existe même des jeux de société conçus spécialement pour les élèves qui s’apprêtent à passer le bac ou le brevet, notamment ceux de Pédaboost, qui sont présents dans les locaux de La Cartésienne !

Dans le supérieur :

  • Des escape games pédagogiques sont utilisés dans plusieurs universités (dont l’Université de Genève) pour réviser des cours complexes.
  • Les écoles de commerce (par exemple, la Harvard Business School) forment à la négociation via des jeux de rôle élaborés.

Chez les adultes :

  • Les entreprises utilisent des serious games pour le management, la coopération, la prévention des risques, les soft skills.

On le répète : le jeu n’a rien à voir avec l’âge.

C’est le mode d’engagement cognitif qui compte — et il fonctionne exactement de la même manière à 7 ans, 17 ans ou 47 ans.

Pourquoi apprendre en jouant est encore plus utile aujourd’hui ?

Pour répondre à la baisse de l’attention

Les élèves ont besoin de séquences courtes, dynamiques, stimulantes.

Le jeu apporte mouvement, variété et rythme.

Pour réduire l’anxiété scolaire

Le jeu dédramatise l’erreur, diminue la pression et libère la pensée.

Pour inclure les élèves à besoins particuliers

→ Le jeu permet de différencier sans stigmatiser.

→ Il offre un cadre sécurisant pour les élèves anxieux, inhibés ou peu confiants.

Pour réconcilier les élèves en difficulté avec les apprentissages

Quand on remet du plaisir, on remet de l’envie.

Quand on remet de l’envie, on remet du sens.

Les conditions d’une ludopédagogie réussie

Quand le jeu est utilisé avec intention, il devient un véritable levier d’apprentissage. Mais comme toute méthode, il fonctionne à certaines conditions :

1. Un objectif pédagogique clair

Avant de sortir un jeu, il faut savoir exactement ce qu’il doit permettre de travailler : automatiser une notion, réviser un chapitre, renforcer une compétence, entraîner la logique, etc.

Un jeu n’a de valeur pédagogique que s’il est aligné avec une intention précise.

2. Un débriefing systématique

Après le jeu, il est essentiel de prendre un temps de retour collectif.

C’est dans cette phase de débriefing qu’on vient consolider le moment :

  • Verbalisation. Les élèves expliquent ce qu’ils ont fait, compris, réussi, ou ce qui les a bloqués ;
  • Analyse. On met en lumière les stratégies gagnantes, les erreurs, les pistes d’amélioration ;
  • Transfert. On connecte le jeu à la notion scolaire pour montrer comment ce qui a été vécu peut servir dans un exercice « classique ».

3. Une attention particulière à l’inclusion

Le jeu doit rester un espace sécurisant pour tous·tes.

Certains élèves peuvent être anxieux, sensibles au regard des autres, ou en difficulté face à la compétition.

Il est donc essentiel de :

  • proposer des variantes coopératives,
  • adapter les règles si nécessaire,
  • veiller à ce que chacun trouve sa place dans le groupe.

L’objectif : inclure, jamais mettre en difficulté.

4. Éviter la gamification superficielle

Ajouter des points, des badges ou des niveaux ne suffit pas à créer de l’apprentissage.

Si ces éléments ne servent pas la compréhension ou la progression des élèves, ils deviennent un simple divertissement.

👉 Le jeu doit être un outil, pas un « habillage ».

La ludopédagogie n’est ni un gadget, ni une mode.

Apprendre par le jeu est une pédagogie active, documentée et redoutablement efficace pour motiver, engager, inclure et mémoriser durablement.

👉 On n’apprend jamais aussi bien que lorsqu’on aime apprendre.

Le jeu remet du plaisir là où il manquait parfois… et le plaisir remet du sens.

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