Modèle d’éducation suédois : 7 principes inspirants à réutiliser

Éducation à la suédoise, et si on s’en inspirait ?
Si on arrêtait de courir après les bonnes notes à tout prix, et qu’on se demandait plutôt « dans quel climat mon enfant apprend mieux » ? Pour ça, je vous propose un petit voyage en Suède. Chez nos voisins d’Europe du Nord, on mise sur le respect, le bien-être et la confiance.
Voici 7 principes inspirants du modèle d’éducation suédois — et comment ils peuvent s’appliquer dans notre quotidien.
Mais, avant de copier les méthodes des pays nordiques, encore faut-il comprendre ce qui fait la force de leur modèle éducatif !
C’est quoi, l’éducation à la Suédoise ?
La Suède est souvent citée comme un modèle en matière d’éducation, non seulement pour ses performances scolaires, mais surtout pour sa philosophie éducative profondément ancrée dans le respect et la confiance.
Là-bas, on considère que pour qu’un enfant apprenne, il faut d’abord qu’il se sente en sécurité. Cette conviction ne date pas d’hier : elle est le fruit d’un long cheminement collectif.
En France, on parle de plus en plus d’éducation bienveillante, mais en Suède, cette approche n’est pas une « mode » : c’est un pilier culturel.
En 1979, la Suède devient le premier pays au monde à interdire les châtiments corporels, posant ainsi les bases d’une éducation « sans violence ».
Mais comme le rappelle Marion Cuerq dans son livre Une enfance en nORd (Marabout, 2023), on partait de loin.
Elle nous fournit notamment ces chiffres, issus de diverses études :
- en 1974, 94 % des enfants âgés de 3 à 5 ans recevaient régulièrement des tapes ou des fessées, et 50 % des enfants de 18 mois subissaient au moins une punition corporelle chaque jour ;
- selon la Direction nationale de la santé suédoise, à la fin des années 1960, 95 % des enfants de moins de 6 ans étaient frappés par leurs parents.
Quarante ans plus tard, la situation s’est inversée de façon spectaculaire.
En 2018, d’après la Fondation Allmänna Barnhuset, 99,7 % des parents suédois se déclaraient opposés à toute forme de punition physique envers leurs enfants.
En deux générations, la Suède est donc passée d’une société où « donner une fessée » était la norme à un pays où la bienveillance et la dignité de l’enfant sont devenues des valeurs collectives.
Cette évolution ne s’est pas faite par magie. Elle s’est appuyée sur des campagnes nationales massives (notamment sur les bouteilles de lait, pour la petite anecdote), la formation des professionnels de l’enfance, et un accompagnement parental constant pour aider les familles à faire autrement.
Le message est resté le même : la sécurité affective est la condition première de tout apprentissage.
Pour rappel, la France a interdit les violences éducatives ordinaires 40 ans après la Suède.
D’autant que chez nous, le débat reste très vif…
7 principes du modèle d’éducation suédois dont nous devrions nous inspirer
1. Le respect avant tout
En Suède, l’enfant n’est pas un « petit à dresser », mais une personne à part entière, digne du même respect qu’un adulte.
Les interactions sont guidées par une idée simplissime : on ne fait pas à un enfant ce qu’on ne ferait pas à un adulte.
Concrètement, cela veut dire : pas d’humiliation, pas de cris, pas de punitions.
Chaque erreur est une occasion d’apprendre, pas une faute à punir.
C’est un principe que les enseignants et les parents appliquent au quotidien, jusque dans le vocabulaire : on décrit ce qui s’est passé, on parle de ce qui peut être amélioré, mais on évite les jugements ou les étiquettes (« tu es paresseux », « tu es nul », etc.).
💭 À méditer : si l’école et la maison sont des lieux où l’on se sent respecté·e, l’envie d’apprendre vient naturellement.
2. Valoriser le progrès, pas la note
Les enfants suédois ne reçoivent pas de notes chiffrées avant 12 ans environ.
Avant cela, tout repose sur une autre façon de faire : l’enseignant commente les progrès, identifie les points à renforcer, et accompagne les apprentissages étape par étape.
Cette approche développe la motivation intrinsèque (celle qui vient de soi) plutôt que la peur de l’échec.
En France, les notes arrivent plus tôt, et sont souvent perçues comme une sanction. Or, la recherche montre qu’un élève encouragé sur ses progrès persévère davantage qu’un élève félicité uniquement pour ses résultats.
👉 Une méthode facile à appliquer, y compris dans le cadre du soutien scolaire : fixer des micro-objectifs, valoriser les progrès, et montrer le chemin parcouru plutôt que le chemin restant.
3. Le bien-être comme condition d’apprentissage
En Suède, l’école est pensée comme un écosystème de santé globale.
Chaque établissement dispose d’un service de santé scolaire complet (infirmier·e, psychologue, médecin, assistant·e social·e), avec un objectif clair : prévenir plutôt que guérir.
Cette approche repose sur une conviction : un enfant fatigué, stressé ou mal dans sa peau, ne peut pas apprendre efficacement.
Avant d’ajouter des heures de révisions, les enseignants — et les parents — s’assurent donc que les besoins de base (sommeil, alimentation, sécurité affective) sont remplis.
4. Apprendre par le jeu et l’expérience
Le jeu est au cœur de la pédagogie suédoise, et pas seulement à la maternelle.
Même à l’école primaire, il est fréquent d’apprendre en manipulant, en expérimentant, en vivant les notions.
Les enseignants utilisent des mises en situation concrètes, des jeux de rôles, des projets collaboratifs.
L’idée est simple : le cerveau retient mieux ce qu’il a ressenti que ce qu’il a seulement entendu.
👉 En soutien scolaire, cela peut vouloir dire : apprendre les fractions avec des objets du quotidien, ou utiliser un jeu de société pour travailler la logique par exemple.
5. Travailler main dans la main avec les familles
En Suède, l’école, les familles et les élèves travaillent réellement main dans la main.
Deux fois par an, chaque élève participe avec ses parents et son enseignant à un “development talk”, un entretien codifié prévu par le système éducatif.
Ensemble, ils font le point sur les progrès, fixent de nouveaux objectifs et adaptent le soutien si nécessaire.
Ce suivi collaboratif repose sur un plan de développement individuel, mis à jour à chaque rencontre.
L’idée : que l’élève devienne acteur de ses apprentissages, entouré d’adultes qui coopèrent plutôt que de se renvoyer la responsabilité.
6. Lire, lire et relire
La Suède a longtemps été un modèle en matière de lecture et de compréhension de l’écrit, avant de voir les résultats PISA 2022 pointer une baisse du niveau de lecture.
Résultat : le pays a lancé un plan national de retour aux manuels papier, a limité l’usage des écrans en classe, et investit dans les bibliothèques scolaires.
Les autorités éducatives ont estimé que la lecture sur papier favorisait la concentration et la compréhension — un constat partagé par de nombreuses études.
Tenir un livre, tourner les pages, sentir la progression : ce sont aussi des expériences sensorielles qui ancrent la mémoire.
7. Un climat d’étude qui favorise l’attention
À l’automne 2026, la Suède prévoit d’interdire les smartphones dans toutes les écoles pour les enfants de 7 et 16 ans.
L’objectif est clair : revenir à des environnements d’apprentissage apaisés, où la concentration, la lecture et les échanges directs reprennent le dessus sur la distraction numérique.
Une mesure qui fait écho à ce qui se met en place en France, et dont nous parlions dans notre article sur les réformes de la rentrée.
Ces décisions, en France comme en Suède, rappellent une chose simple : on ne peut pas demander à un élève de se concentrer dans un environnement qui le sollicite sans arrêt.
👉 À la maison aussi, on peut mettre en place des petits rituels qui changent tout :
- On range le téléphone pendant les devoirs ou les révisions ;
- On prépare le matériel avant de commencer ;
- On se fixe un objectif clair (et atteignable) ;
- On termine par un mini-bilan positif.
Créer un climat d’étude calme et structuré, c’est aussi une forme de bienveillance.
Le modèle d’éducation suédois n’est pas une recette miracle qu’il nous suffirait de copier.
Le pays connaît, lui aussi, ses défis — notamment en matière de lecture et d’usage du numérique.
Mais il repose sur des valeurs fortes et universelles : respect, confiance, bienveillance, et coopération.
Autant de piliers qui rappellent qu’avant de « faire réussir » les enfants, il faut d’abord leur donner envie d’apprendre — et les accompagner, non pas contre eux, mais avec eux.
Un modèle à méditer, et pourquoi pas, à importer un peu plus souvent dans nos salles de classe… et nos foyers.
En tout cas, c’est déjà la philosophie de La Cartésienne 🇸🇪💛.
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